Des chats et des livres

Il semble qu'il existât une véritable complicité entre les écrivains ou les amateurs de littérature, et les chats. Baudelaire a écrit un magnifique poème sur le chat, nous dévoilant par la magie du verbe l'intelligence et la finesse des félins qu'il associe au monde merveilleux que font surgir les mots. Colette est sans doute la plus célèbre passionnée de chats, et comment pourrait-il en être autrement: cette belle femme gourmande de la vie, alanguie sur  sa méridienne débordante de coussins, devait faire ronronner de plaisir ses siamois choyés comme des princes; Malraux possédait deux superbes angoras qui sifflaient quand de Gaulle apparaissait ( les militaires n'aiment sans doute guère  les chats), Drieu la Rochelle est toujours photographié avec son chat siamois dans les bras, comme le sont bien des auteurs contemporains; à l'inverse, des rois de France, Louis XV est le seul à avoir possédé un chat ( les Bourbons, grands chasseurs, détestaient les chats, comme tous les chasseurs), un angora blanc qui dormait sur un coussin de soie rose posé sur le manteau de  la cheminée de la chambre royale, un laquais étant à son service exclusif. De cette passion amplement partagée dans le monde de la littérature faut-il  déduire une influence de nos félins sur l'imagination de nos maîtres en écriture?