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Carnets d'automne
18 janvier 2012

Chateaubriand vu par Michel Crépu

Il est toujours délicat de s'attaquer à un essai sur Chateaubriand, soit on tombe dans le piège du néo-romantisme, celui d'un Chateaubriand aux cheveux décoiffés par le vent, tel que l'a immortalisé Girodet dans son célèbre tableau, soit on fait un remake des Mémoires d'outre-tombe, et mieux vaut alors lire l'original que la copie. Michel Crépu échappe à ce double danger en nous présentant, dans un style contemporain, un Chateaubriand qui n'aurait pas fait mauvaise figure dans notre société d'aujourd'hui ( Crépu va jusqu'à comparer les réunions à la Malmaison, demeure de Joséphine, du  Premier Consul Bonaparte avec ses jeunes généraux, aux soirées des Rolling Stones à la Villa Nellcote), que ce fût comme écrivain ou comme homme politique. Sur l'écrivain tout a été dit, ou presque, notamment sur les célèbres mémoires. Crépu, avec raison, s'attarde plus longuement sur son oeuvre romanesque, René et Atala, oeuvres qu'on ne lit plus guère aujourd'hui, mais qui illustrent parfaitement l'état d'esprir de la société en plein bouleversement révolutionnaire, à la veille de la naissance du mouvement romantique. Mais c'est l'homme politique Chateaubriand qui constitue, même pour le connaisseur de l'homme de Saint-Malo, la plus étonnante découverte. Crépu nous dévoile un Chateaubriand aux idées politiques particulièrement claires, auxquelles il restera fidèle toute sa vie, au prix de l'échec de sa carrière: elles consistent en un système monarchique constitutionnel, basé sur une charte librement acceptée par le peuple et par le souverain. On sait que les derniers Bourbons de la branche légitime ne l'acceptèrent que du bout des lèvres, pour finalement tomber lorsqu'ils la foulèrent aux pieds. Cette fidélité à un système et à une monarchie se termina par une scène étrange, empreinte d'une infinie mélancolie, sans doute une des plus belles pages des mémoires: la visite de Chateaubriand au roi déchu, Charles X, réfugié au château de Prague. Scène crépusculaire d'une grande beauté, qui couronne, dans une sorte de somptueux coucher de soleil, l'oeuvre à la fois littéraire et politique de Chateaubriand.

                                                                  Chateaubriand par Girodet

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