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Carnets d'automne
23 janvier 2012

Le bonheur selon Jean-Jacques Rousseau

" Je me levais avec le soleil et j'étais heureux; je me promenais et j'étais heureux, je voyais maman * et j'étais heureux, je la quittais et j'étais heureux, je parcourais les bois, les coteaux, j'errais dans les vallons, je lisais, j'étais oisif, je travaillais au jardin, je cueillais les fruits, j'aidais au ménage, et le bonheur me suivait partout; il n'était dans aucune chose assignable, il était tout en moi-même, il ne pouvait me quitter un seul instant.*

C'est sur cette étonnante définition du bonheur que s'ouvre le Livre Sixième des Confessions de Rousseau, que je considère comme son chef-d'oeuvre absolu. Définition qui m'enchante et que je fais mienne, même si elle peut étonner de la part de l'auteur de l'Emile et du Contrat social, oeuvres révolutionnaires qui ne furent pas pour rien dans les bouleversements que connut la France à partir de 1789, mais étonnante aussi par cette candeur qu'elle trahit chez un Rousseau plus connu pour son mauvais caractère et son complexe de la persécution, comme elle l'est aussi par l'âge de son auteur: voilà une définition qu'on attend d'un homme qui aborde le dernier âge de la vie, mais non pas d'un jeune homme de 25 ans! Cette entrée du Livre Sixième est un parfait exemple de l'atmosphère qui règne dans cette première partie des Confessions, avec comme pour décor une sorte de jardin d'Eden, celui des "Charmettes", près Chambéry, dans lequel se promène, dans une solitude oisive, le jeune Rousseau, rêveur, candide, amoureux, bien loin du Rousseau adulte, constamment sur ses gardes, méfiant, et grincheux. Il règne dans ces premiers livres ce qui fera le bonheur, à l'exemple de Rousseau, de toute la société de la fin de l'Ancien Régime: la vie à la campagne, la nature, feront naître dans les parcs des châteaux bergeries, chaumières et laiteries tout droit sortis d'un conte de fées. Rêve d'un instant, car le ciel va très vite s'obscurcir, et le rêve se transformer en sanglante tragédie.

* Madame de Warens, protectrice et amante de Rousseau

* Oeuvres complètes Tome I J.-J.Rousseau   p.225Bibliothèque de la Pléiade

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