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Carnets d'automne
29 janvier 2012

Fuck you, Stephen Joyce!

Voilà une tête d'article peu commune pour une revue aussi sérieuse que le Nouvel Observateur, sur son site Bibliobs! C'est donc le petit-fils de l'auteur d'Ulysse qui est visé au moment même où l'oeuvre de son grand-père entre dans le domaine public ce 1 janvier 2012. Pourquoi ce "ouf" de soulagement? Stephen Joyce se serait montré âpre au gain, peu respectueux de la correspondance de son illustre grand-père dont il aurait détruit une grande partie, et enfin se serait constamment opposé à la publication d'inédits et à l'exposition de manuscrits de James Joyce. Etre l'héritier de droits d'auteur semble pour beaucoup de gens une aubaine, source de gros revenus et d'honneurs qui, bien souvent, ont échappé aux auteurs eux-mêmes. La réalité est bien différente: être légataire de droits d'auteur suppose un dévouement constant à une oeuvre qui, comme l'est une plante par son jardinier, doit être constamment entretenue, maintenue en vie, mise en valeur afin d'éviter la mort lente, par oubli ou par disparition pure et simple. Et il faut le dire, la plupart des héritiers de nos grands écrivains se montrent à la hauteur de leur responsabilité, on se souvient de Suzy Mante-Proust, nièce de Proust, et de son immense travail de mise en valeur et d'études de l'oeuvre de son oncle, les "Bulletins Proust" font montre d'un grand sérieux pour ne pas dire d'un véritable esprit scientifique; la fille de Camus, la nièce de Colette, et bien d'autres font de même. Comme le font les multiples associations d' "Amis de....", gens passionnés, et d'un dévouement d'autant plus remarquable qu'il est bénévole. Ils sont les "gardiens du temple", en l'occurrence, les demeures d'écrivains: celle de "Tante Léonie" à Illiers-Combray, celle de Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye, tout récemment rachetée par les amis et bientôt restaurée. A côté de cela il y a certes des héritiers ingrats, ou indifférents, ou trop gourmands. Il y a Stephen Joyce, il y a eu Maria Kodama, la jeune épouse de Borges qui fit interdire la publication de l'oeuvre complète de son époux en 2 volumes de "La Pléiade" parce qu'un extrait de la biographie de Borges qui servait d'introduction aux volumes ne lui plaisait pas, ce qui les fit disparaître des rayons des libraires pendant plusieurs années, jusqu'au jour où Gallimard cèda au caprice de la veuve, et qu'enfin les volumes purent reparaître, modifiés dans cette biographie; plus loin dans le temps on se souviendra de madame de Simiane, petite-fille de la Marquise de Sévigné, qui fit brûler toutes les lettrres que sa mère, madame de Grignan, avait écrites à son illustre grand-mère; disparitions, censures, coupures, les archives des écrivains en auront vu de toutes les couleurs. Aujourd'hui pourtant les légataires de ces précieuses archives et oeuvres se montrent de plus en plus disposés à collaborer avec les chercheurs et les amateurs de littérature, les superbes bâtiments de l'ancienne abbaye d'Ardenne, près de Caen, qui abritent dans la majestueuse abbatiale des milliers d'archives de la littérature contemporaine, en sont la preuve.

 

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