Philippe Sollers et le mélange des genres!

Il agace ou il fascine, il n'y a pas de juste milieu dans les appréciations de Philippe Sollers. Il agace par sa boulimie, ce côté " verre à vin trop plein" qui vous noie sous une avalanche de mots, et par son côté touche-à-tout qui n'est pas dans le vent à l'heure des spécialistes; il fascine par son immense culture, par les horizons inattendus qu'il ouvre dans le nombre impressionnant d'ouvrages  ou d'articles à son actif; ainsi de ce refus de toute séparation des arts dont il fut traité il y a peu sur ce blog lorsqu'il fut question de l'influence de la musique de Chopin sur le style littéraire de Gide - on pourrait d'ailleurs en multiplier les exemples: la phrase ondulante et sans fin de Proust est en harmonie parfaite avec les bronzes végétaux de l'architecte Victor Horta, avec les phrases musicales d'un Gabriel Fauré ou les tableaux de Manet, il a déjà été question ici du style littéraire cubiste d'une Gertrude Stein, directement influencé par les tableaux de Picasso et de Braque - c'est dans ce genre d'aperçu que Philippe Sollers, grâce à sa culture sans frontières de genres, qui lui permet d'invoquer aussi bien Nietzsche que Rimbaud, Mozart que Picasso ou que le marquis de Sade, ne cesse de nous étonner et d'éveiller notre curiosité, ce qui est le rôle de l'intellectuel qu'il est. Mais Sollers est aussi un hédoniste, amateur de femmes, amoureux de Venise, un amour qu'il partage avec bien des écrivains, parmi lesquels Proust et Morand, doté d'une sensualité qui lui permet de goûter à tous les breuvages de l'art, en y associant tous les sens, ce qu'il considère, à juste titre, comme essentiel pour apprécier toute forme artistique.