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Carnets d'automne
3 avril 2012

Truman Capote et "In cold blood".

In cold blood, dit roman-reportage, est le chef-d'oeuvre de Truman Capote, un chef-d'oeuvre qui lui coûta très cher, car enrichi par son succès mondial, il se lança dans une carrière mondaine qui le plongea finalement dans l'alcoolisme et la drogue; après In cold blood il n'écrivit plus rien de valable, et sa carrière s'arrêta sur le succès d'un livre qui lança le genre du roman-reportage, sans toutefois n'avoir jamais été égalé, car le livre de Capote fut non seulement le fruit d'une longue et patiente enquête sur le meurtre des quatre membres d'une famille de fermiers du Kansas en 1959, mais aussi d'une étude approfondie et minutieuse des mobiles des deux assassins et de leur passé, ce qui alla, pour Capote, jusqu'à une véritable amitié amoureuse pour l'un des deux assassins, dont il pleura la pendaison, cinq ans après leur procés. Ce livre est absolument terrifiant, car il nous plonge, presque minute par minute, dans la préparation, puis dans l'exécution de ce quadruple meurtre sordide, Capote étant passé maître dans la description d'atmosphères, de cet "air ambiant" qui arrête le temps, qu'il soit fait d'un silence menaçant ou d'une scène joyeuse, qui prend tout son sens dramatique quand on découvre ce qui doit suivre; car In cold blood, malgré la précision méticuleuse dans la  narration des faits et gestes des protagonistes, est aussi, et peut-être avant tout, un roman, qui permet à Capote d'y déployer son immense talent d'écrivain, à la fois comme styliste et comme narrateur.

                                                   Truman Capote

Si je parle aujourd'hui de ce roman que je découvris peu après sa traduction française, dans les années soixante, un roman qui me terrifia à l'époque, c'est parce que j'ai récemment revu deux films qu'il a inspirés: In cold blood, un excellent film en noir et blanc de Richard Brooks, de 1967, qui rend parfaitement le côté glauque et terrifiant de ce qui aurait pu n'être qu'un banal fait-divers, aussi horrible soit-il, sans le talent et l'attention de Capote, un film qui a le mérite, non seulement de coller au roman, mais par une suite de flash-backs, de tenter de comprendre le geste des deux voyous en les situant dans leur passé familial. Le célèbre film Capote, de Bennett Miller, tourné en 2005, célèbre pour le talent exceptionnel de Philip Seymour Hoffman dans le rôle de Capote, me paraît moins intéressant, car il insiste trop sur le côté cabotin de Capote, réduisant le quadruple assassinat à un sujet de livre pour un écrivain mondain en veine de sujet. Reste un bouquin peut-être unique en son genre  par la minutie de l'enquête, le rendu de l'atmosphère qui entoura ce meurtre, le souci de comprendre les mobiles des auteurs de ce crime, enfin par l'élégance du style de Capote, un livre qui le consacre comme un grand écrivain.

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