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Carnets d'automne
19 avril 2012

Balzac, auteur pour lycéens?

Nous avons tous le souvenir de cours de littérature française, au collège ou au lycée, qui nous plongeaient, des semaines durant, dans l'oeuvre de Balzac, dans cette fameuse Comédie humaine qui semblait ne jamais avoir de fin, même si le choix de nos maîtres se portait presqu'exclusivement sur le Père Goriot ou sur Eugénie Grandet . Voilà un souvenir qui rend Balzac peu aimable aux lecteurs adultes que nous sommes devenus, et je dois avouer que j'éprouvais, hier encore, pas mal de réticences à entrer dans l'oeuvre de Balzac, lui reprochant inconsciemment de m' avoir privé, de par sa présence envahissante, de Stendhal ou de Gide, parfaitement ignorés ou passés en revue à la vitesse supérieure en toute fin d'année scolaire. Mais il suffit parfois d'un évènement sans importance apparente pour ouvrir des portes trop longtemps fermées: ce fut le cas lorsque je vis l'excellent film qu'est L'homme du train, avec un Jean Rochefort et un Johnny Halliday qui y donnent un cours particulier sur Eugénie Grandet à un jeune étudiant; les choses qu'ils lui disent ont excité ma curiosité au point de sortir de ma  bibliothèque où il dormait depuis longtemps mon exemplaire du livre, et de m'y replonger. Et là, ô miracle, je fus ébloui par ce roman que jusqu'alors je traitais avec beaucoup de condescendance de "livre pour collégien"; l'aventure d'Eugénie Grandet, jeune fille isolée dans le fond d'une province triste, qui rencontre un jour un brillant, jeune et beau cousin à elle, en tombe follement amoureuse puis, le cousin étant parti, se voit condamnée à une longue et interminable attente qui durera jusqu'à sa mort, m'a profondément ému. Ce petit drame provincial m'a paru aussi beau dans sa tragique simplicité qu'une tragédie de Racine. Le second évènement, ce fut, il y a quelques années, ma visite de la demeure tourangelle de Balzac, le château de Saché, près de Tours. Dans ce ravissant manoir, entouré d'un nature qui n'a guère changé depuis l'époque de Balzac, un particulier hommage, qui lui vaut une pièce à lui seul dédiée, est rendu au Lys dans la vallée, un roman moins connu de Balzac, et s'il lui est rendu cet hommage, avec manuscrit, premières éditions, gravures et documents historiques à l'appui, c'est parce que ce roman, très stendhalien, a pour cadre les environs de Saché. Ce roman, je le lus dès mon retour, et il m'enchanta. Et soudain je m'intéressai à nouveau à Balzac, mais non point comme cette participante à un tchat  littéraire que j'animai un temps, qui me confia avoir lu toute la Comédie humaine, soit 95 romans, à la file, sur une période d'un an, expérience qu'elle qualifia d'excitante, que je lui enviai, et qui me stupéfie encore aujourd'hui. La morale de cette histoire, c'est qu'il ne faut jamais condamner un auteur lu à l'école, car notre regard, désormais  libre de toute contrainte, évolue avec le temps et avec l'expérience de la vie, et qu'il convient de sauter sur la première occasion qui vous permet d'ouvrir une porte trop longtemps close.

 

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