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Carnets d'automne
29 juin 2012

Charles I Stuart, par Van Dyck

                                                                             Charles I Stuart

                                                                             "Portrait de Charles Ier en habit de l'ordre de la Jarretière", de Van Dyck. Gemäldergalerie Alte Meister - Dresde

Charles Ier Stuart jouit d'un grand prestige dans la longue lignée des souverains anglais, un prestige dû à sa mort tragique - il fut décapité en 1649 - mais surtout au raffinement, à l'élégance, à l'intelligence artistique de la famille à laquelle il appartenait, les Stuart, qui compta parmi les plus cultivées de l'Europe du XVIIème siècle *. Epicuriens, grands amateurs d'art, raffinés jusqu'à la préciosité, les souverains Stuart rassemblèrent durant leurs règnes une des plus belles collections de peinture de tous les temps, collection qui, à leur déchéance, fut dispersée, et dont une grande partie se retrouve aujourd'hui dans les musées d'Europe. Tels les Médicis de Florence, ils s'entourèrent de peintres, de poètes et de musiciens, et parmi les peintres, le Flamand Van Dyck, qui devint le portraitiste de cour attitré de Charles Ier. Le portrait ci-dessus illustré, sujet de ce billet, est sans aucun doute non seulement un des plus beaux portraits peints par Van Dyck, mais un des plus beaux portraits de souverains jamais peints. Seul le Titien, dont Van Dyck s'inspira beaucoup, peut se vanter d'avoir peint avec un égal génie les portraits de son souverain. Le roi est ici représenté revêtu du grand costume d'apparat de l'ordre de la Jarretière, il en porte l'insigne accroché à un ruban bleu, mais surtout la croix de Saint-Georges sur une étoile d'argent qui éclaire magnifiquement ce portrait aux dominantes bleu et argent. Le roi est peint d'un point de vue da sotto in su, ce qui souligne la majesté qui émane du personnage - le gant qu'il tient à la main est signe d'aristocratie et nous rappelle le Titien - mais ce qui fait l'extraordinaire beauté de ce portrait, c'est le rendu du long visage ovale, à la peau extrêmement fine, dont la carnation est rendue avec une précision et un réalisme étonnants - la rougeur du nez, le bleuté du front, le dessin des cernes légères en-dessous des yeux - et surtout la mélancolie qui se lit sur ce visage d'une grande douceur et d'une suprême distinction. On a souvent reproché à Van Dyck de rendre excessivement "distingués" les modèles de ses portraits, généralement issus de l'aristocratie ou de la grande bourgeoisie, d'en faire des personnages à la sprezzatura - qui est nonchalance face à la vie, attitude de dédain et d'orgueil aristocratiques nées du Cortigiano de Baldassare Castiglione - stéréotypée. Ce n'est absolument pas le cas de ce portrait royal, qui représente le roi entouré d'un halo de majesté, tel qu'il convient à son titre, mais en même temps comme une personne humaine dont on lit sur le visage, qui consitue le centre vivant de ce superbe portrait, l'intelligence, l'immense culture et la mélancolie, comme si, déjà, s'y lisait le sort tragique qui l'attendait, car victime du vent de puritanisme qui soufflait sur une Angleterre soumise à la dictature du Savonarole local, Cromwell, mais aussi victime de sa propre intransigeance, de ses tentatives d'absolutisme qui répugnaient au peuple anglais, Charles Ier finit sur l'échafaud une existence brillante mais politiquement incohérente; ce superbe portrait en souligne les contradictions.

* Faut-il le rappeler, les Stuart, à la chute de Charles II, furent remplacés par les Hanovre, aujourd'hui appelés Windsor, dynastie germanique assez grossière, sans intelligence et sans culture,  mais dotée d'une longévité étonnante, et qui règne encore aujourd'hui.

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