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Carnets d'automne
17 septembre 2012

" Effi Briest", de Theodor Fontane

Effi Briest

Il avait été récemment question sur ce blog du film de Fassbinder inspiré du roman éponyme de Theodor Fontane, Effi Briest, un film que j'avais traité de chef-d'oeuvre, ce qui m'avait fait promettre de lire le roman de Fontane; sitôt dit, sitôt fait, et, ce qui peut paraître paradoxal, le roman me paraît égal au film, chose rare lorsqu'il s'agit du transfert d'un roman au cinéma, l'un souffrant généralement de ce transfert. Fassbinder suit d'ailleurs à la lettre le récit, et jusqu'aux dialogues du roman, à un détail près, qui est d'ailleurs loin de constituer un détail: là où Fassbinder attribue la faute d'Effi - faute qui paraît anodine aujourd'hui, mais qui était fatale pour une femme de cette époque - à la naïveté de la jeune épousée, Fontane, s'il reste discret sur l'aventure elle-même, sous-entend, après nous avoir décrit la baronne comme une femme ambitieuse, entichée de noblesse, qu'elle ne fut pas aussi innocente que Fassbinder veut nous le faire croire, il semblerait même qu'elle fit la coquette, prit un réel plaisir à commettre cet adultère qu'elle devait tant regretter, six ans plus tard, lorsque son mari découvrit les lettres qu'elle avait reçues du beau commandant Campras. Il y a là, entre les deux versions, une différence de taille que l'on peut attribuer à l'importance de la faute elle-même, beaucoup plus grave à l'époque de Fontane. Celui-ci, dans un roman que la critique classe dans le courant "réaliste", ce qui ne veut pas dire grand-chose, fait revivre, avec un sens de la psychologie féminine tout à fait étonnant, une époque et surtout une région, cette Prusse Orientale constituée de la Poméranie, du Brandebourg et des plaines de Mazurie, ensemble de forêts de pins, de lacs, de dunes en bordure d'un mer Baltique très sauvage, paysages que l'histoire, celle d'une RDA fermée sur elle-même, a préservés, région qui m'a toujours fasciné par sa grandeur, par l'histoire cruelle qui fut la sienne, notamment en 1944-1945, lorsqu'elle fut envahie par les troupes soviétiques, qui vit brûler ses nombreux châteaux, violer ses femmes et crucifier ses hommes sur les portes des granges, pour être plongée ensuite dans un long silence. Le film de Fassbinder et le roman de Fontane font revivre cette région étrange et fascinante, ses maisons en bois, ses gentilhommières entourées de marais et de forêts de pins, le ressac de la mer sur les dunes infinies que l'on retrouve dans un autre beau film allemand, le Ruban blanc de Michael Haneke.

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