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Carnets d'automne
9 décembre 2012

Paul Valéry, "La jeune Parque"

Valéry 1

Le cas de Valéry est assez paradoxal: amoureux de Victor Hugo, poète fasciné par les symbolistes durant son adolescence, après ce qu'il appellera sa "Crise de Gênes", en 1892, à l'âge de 21 ans, il ne cessera plus durant toute sa vie de vilipender la littérature, et le roman en particulier, se consacrant, sous l'influence d'un ami passionné de sciences et de mathématiques, a ce que ne peut lui enseigner que la raison! Ce qui fera de lui un écrivain qui refuse de l'être en même temps qu'il sera considéré le poète  français le plus célèbre, et le plus célébré universellement, jusqu'à être consacré modèle de l'intelligence française, gloire qui lui vaudra des funérailles nationales en 1945. Ce mépris de la sentimentalité associée au roman et à la littérature en général, ne l'empêchera pas, entre 1912 et 1916, de composer ce qui restera à jamais un des plus beaux poèmes de la langue française: La jeune Parque. On a écrit bien des exégèses sur cet illustre poème, sans jamais en découvrir le secret: on l'a vu comme un long monologue de la Parque sur la lutte entre le corps et l'esprit, on l'a interprété comme le reniement du dieu solaire et du péché originel, incarné par le serpent...! Le poème s'ouvre " comme une symphonie" sur une apparition de la nature primitive, chaotique, qui rappelle le prélude de l'Or du Rhin de Wagner. Influencé par Mallarmé, mais sans pousser jusqu'à ses limites la prééminence du mot, de sa beauté, de son intégration musicale dans le vers par-delà sa signification grammaticale, Valéry, inspiré par le vers de Racine et les récitatifs de Gluck, a voulu avant tout faire oeuvre d'une parfaite beauté formelle, son poème, il le voyait telle une oeuvre musicale digne d'un opéra de Gluck ou d'une sculpture grecque. Voilà pourquoi il importe de lire  La jeune Parque à haute voix, pour s'imprégner de cette beauté classique qui en fait un joyau de la langue française, comme le furent, au dix-septième siècle, les sermons de Bossuet. Les amoureux de la langue française dans ses plus beaux atours s'en régaleront, comme je m'en suis régalé hier, cloîtré à l'intérieur par le mauvais temps hivernal, fait de neige fondante et d'humidité, qui régnait à l'extérieur !

Il existe de nombreuses éditions de La jeune Parque, mais on ne peut que conseiller, quoique plus coûteuse, l'édition dans la "Collection blanche" de Gallimard, présentée par Octave Nadal, qui offre le texte avec fac-similé des manuscrits, une intelligente analyse du texte, des manuscrits, des corrections et des différents états.

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Commentaires
P
Oui, il faut le lire à haute voix. J’ai fai l’effort de l’apprendre par coeur. Désormais, il m’habite, je m’en récite des parties quotidiennement. Un bonheur.
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