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Carnets d'automne
26 décembre 2012

Gide: ultimes confessions!

André Gide

Madeleine Rondeaux, à la fois cousine et épouse de Gide, unie à lui par les liens d'un mariage qui ne sera jamais consommé, est omniprésente, fût-ce sous des noms d'emprunt - l'Alissa de La porte étroite ou la Marceline de L'immoraliste - dans l'oeuvre littéraire de Gide dont elle constitue le fil conducteur. Par discrétion, et pour ne pas heurter son épouse, Gide retirera de son Journal tous les textes qui faisaient référence à Madeleine; ce n'est qu'à la fin de sa vie, des années après la mort de Madeleine, qu'il lui rendra hommage en reprenant ces textes, et en y intégrant une réflexion, faite de remords et de tristesse, sur ce que fut cette union malheureuse, à la source d'un immense chagrin et de bien des souffrances pour les protagonistes de ce drame humain. Car souffrance il y eut pour cette femme sensible, pieuse, tendre et à la fois têtue, renfermée, d'une moralité intransigeante, qui découvrit très tôt les tendances sexuelles de son mari, en souffrit, mais ne cessa de l'aimer, tout en s'isolant à Cuverville, là où le scandale ne pouvait pas l'atteindre, et où elle se consacra à de modestes tâches ménagères, considérées comme une sorte de pénitence dont rien ni personne ne pouvait la distraire. Gide, après bien des années d'aventures masculines, dont celle avec Marc Allégret constitua à la fois le climax de son bonheur et la suprême douleur pour Madeleine, qui brûla toutes les lettres que Gide lui avait envoyées, fut pris de remords à voir comment Madeleine, cloîtrée dans sa douleur, s'était résignée à une mort lente. Et ce fut ce texte poignant de vérité dans lequel Gide s'abandonne au remords face à un drame qui avait nourri son oeuvre, ce fut Et nunc manet in te, écrit bien des années après la mort de Madeleine! Un de ses plus beaux textes, dans lequel il tente d'expliquer le drame que fut ce mariage qui unit deux êtres liés par l'amitié mais que séparait l'union des corps, cette union que Gide refusait aux êtres qu'il aimait, le corps et l'esprit ne pouvant, selon lui, s'accorder dans une relation humaine. Beau texte d'un homme vieillissant qui alors se penche sur son passé dans une oeuvre ultime, Ainsi soit-il ou les jeux sont faits, profonde réflexion sur la vieillesse et sur la mort, dont les dernières lignes datent d'une semaine avant son décès, par laquelle Gide rejoint le philosophe qui fut sa vie durant son guide et dont l'oeuvre fut son livre de chevet, le Montaigne des Essais.

"Et nunc manet in te"  - " Ainsi soit-il ou les jeux sont faits"   dans "Journal  1939-1949"  ( édition de 1954 ) André Gide  GALLIMARD "Bibliothèque de la Pléiade" 

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