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Carnets d'automne
27 septembre 2017

Jean-Philippe Toussaint

Il est des oeuvres littéraires qui, dès la première lecture, vous associent à leurs auteurs dans une admiration qui évolue rapidement en passion. Ce fut mon cas lors de la lecture du premier roman de Jean-Philippe Toussaint, «  La salle de bain », il y a plus de trente ans ( Toussaint n'est pas un de ces écrivains qui pondent leur roman tous les ans, son opus ne contient que douze romans sur trente-deux ans). Et pourtant je n'étais guère un grand amateur du « Nouveau Roman », qui a beaucoup influencé Toussaint – ce n'est pas un hasard si l'auteur est publié chez Minuit – Alain-Robbe-Grillet, Claude Simon et Nathalie Sarraute n'ont jamais fait partie de mon Olympe littéraire. L'oeuvre de Jean-Philippe Toussaint, si elle magnifie l'objet en tant que tel, fidèle en cela au mouvement littéraire dont Robbe-Grillet fut le Grand-Maître, est dotée d'une vitalité et d'une sensibilité humaines qui font défaut au « Nouveau Roman ». Jean-Philippe Toussaint est à la fois un peintre – ses descriptions d'atmosphères urbaines sont superbes – et un fin observateur de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus délicat et de plus sensible : la passion amoureuse. Deux qualités particulièrement mises à l'honneur dans sa tétralogie de « Marie Madeleine Marguerite de Montalte » (1), dans laquelle, à travers un long voyage, ou plutôt une longue fuite de la Chine et du Japon à l'île d'Elbe, le narrateur s'accroche désespérément à un amour sur le point de mourir. Une sorte de course contre le temps, contre le lent délitement d'une passion qui ne s'éteint qu'en apparence, écrite dans un style éblouissant. Il est, dans les quatre parties de cette suite, des pages dignes d'une anthologie, telles celles qui nous décrivent l'embarquement, sous une pluie battante, d'un cheval de course sur l'aéroport de Narita, ou celles dans lesquelles les amoureux parcourent, en chaussons et sous la pluie, constamment présente dans cette suite, les rues vides d'une ville de Tokyo emblématique d'un monde dans lequel l'être humain semble dévoré par un gigantisme qui accélère son sentiment de solitude et de désarroi, ce que Sofia Coppola a si bien rendu dans son merveilleux film qu'est « Lost in translation ».

Cette tétralogie, je viens de la relire, avec la même passion, avec le même regard admiratif pour le style de l'auteur – on lui pardonne une certaine surcharge, cette gourmandise dont les écrivains Belges ont sans doute hérité de Rubens ou de Jordaens – une lecture qui m'a été inspirée par la nouvelle de la publication du dernier opus de l'auteur : « Made in China », que j'ai hâte de découvrir !

 

 

 

(1) « Faire l'amour. Hiver « ( 2002), «  Fuir. Eté « (2005), « La vérité sur Marie. Printemps-été » ( 2009), «  Nue » Automne-hiver ( 2015). LES EDITIONS DE MINUIT

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