Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnets d'automne
9 février 2012

Un "Tristan" iconoclaste!

Les iconoclastes me sont en général très sympathiques, j'aime qu'on bouleversât les habitudes, les routines, comme les préjugés d'ailleurs. En produisant une nouvelle mise en scène, sortie depuis sur Blu-ray, du Tristan et Isolde de Wagner, Christoph Marthaler a pris des risques énormes, car Tristan est presque un opéra mythique, qui a généré depuis sa création d'innombrables études, d'infinies contestations et de multiples défenses, tant de la part d'adversaires que de défenseurs de Wagner aussi passionnés que violents dans leurs propos. Nietzsche la considérait comme la plus belle oeuvre musicale jamais composée, aujourd'hui encore on la considère, avec ses premières apparitions d'atonalité, comme l'inspiratrice de toute la musique moderne. Preuve de sa contemporanéité, son mythique Prélude est joué dans son entièreté en ouverture du dernier film de Lars von Trier, Melancholia. On comprendra pourquoi toute  nouvelle mise en scène de ce qui est plus qu'un opéra, un mythe, une religion pour les plus fanatiques, ne laissât personne indifférent. Il est d'ailleurs toujours dangereux de s'attaquer à une légende, de surcroît à une légende qui fait partie de notre culture occidentale, au même titre que l'Orestie. "Refusant tout grand geste habituel d'amour et de souffrance", Marthaler a centré son interprétation sur " l'inanité de l'accomplissement de notre désir, l'amour serait une chimère, et ce serait  cela la réalité de la vie". Ce faisant, Marthaler répond parfaitement à l'idée de Wagner, et à la philosophie de Schopenhauer qui l'a inspirée, plus peut-être que sa passion pour Mathilde Wesendonk, dans sa conception du livret et de la musique de son opéra. Alors, Marthaler est-il vraiment iconoclaste dans cette mise en scène? Par rapport à la philosophie de l'oeuvre, je ne le crois pas, autre chose est d'accepter un Tristan en costume et cravate, et une Isolde en tailleurs jaune canari et sac à main fuschsia, ce qui après tout est secondaire, et certainement moins ridicule que les Tristan et les Isolde de l'époque de Wagner. Sa mise en scène fut huée en 2005 à Bayreuth, temple des inconditionnels, lors de la première, puis longuement applaudie en 2009, au même endroit. Ceci dit, je lui préfère les mises en scène contemporaines d'un Patrice Chéreau ( surtout pour l'exceptionnelle prestation de Waltraud Meier en Isolde) ou d'un Olivier Py, qui sont, eux aussi, pourtant des iconoclastes. Question de goût et d'empathie. Et puis, finalement, ce que je reprocherais à cette version Marthaler, c'est la faiblesse d'Irène Theorin dans le rôle d'Isolde. Or, c'est quand même la musique et le chant que font la beauté de l'oeuvre, Nietzsche, encore lui, ne disait-il pas qu'il fallait assister à la représentation de l'oeuvre les yeux fermés!

Tristan

Publicité
Publicité
Commentaires
Carnets d'automne
Publicité
Archives
Albums Photos
Visiteurs
Depuis la création 114 573
Carnets d'automne
Publicité