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Carnets d'automne
22 février 2012

Gertrude Stein

Par ce temps sombre, entre un hiver qui est près de finir et un printemps qui n'est pas encore arrivé, j'aime lire des livres qui soient à la fois amusants et intelligents. Comme ces dernières années je relis plus que je ne lis, mon choix s'est porté sur une valeur sûre: L'autobiographie d'Alice Toklas, de Gertrude Stein. Un choix qui n'est pas tout à fait dû au hasard, puisqu'il a été beaucoup question de Gertrude Stein cet hiver à l'occasion de la prestigieuse exposition consacrée aux collections de tableaux des Stein au Grand Palais à Paris. Gertrude Stein m'est sympathique, apprécier et acheter des tableaux de Picasso, vivre ouvertement en couple avec une femme, et ce en 1907, suppose beaucoup d'audace et de persévérance. Il est paru récemment aux Editions de la Réunion des musées nationaux un livre de photographies du couple Gertrude Stein/Alice Toklas prises par de grands photographes tels que Man Ray, Van Vechten et Cecil Beaton, qui sont parvenus à saisir sur image l'intelligence, le sens de l'humour et la volonté de fer d'une femme qui était loin d'être belle, mais qui par son audace et la sûreté de son goût finit par apparaître comme l'icône de la modernité durant toute la première moitié du vingtième siècle. Passionnée par l'art de Picasso, elle lui consacra un ouvrage qui reste, aujourd'hui encore, le plus éclairant sur son oeuvre. Telle fut sa passion pour le cubisme qu'elle tenta de le transférer en littérature; on ne lit sans doute plus guère Tender buttons et ses autres collages littéraires cubistes, mais lit-on encore le Finnegans wake de Joyce? De cette tentative révolutionnaire et audacieuse, dont il est difficile de juger l'influence sur la littérature contemporaine, il reste une phrase célèbre: a rose is a rose is a rose is a rose...... 

 Gertrude Stein

Lorsque lui sembla arrivée l'heure d'une biographie, il lui parut amusant, et sans doute plus sûr, de l'écrire elle-même tout en la faisant passer pour l'autobiographie de sa compagne, Alice Toklas. Ce délicieux et amusant petit ouvrage est à la fois plein d'humour et parfaitement éclairant sur son temps, car il nous plonge dans ce qui furent à la fois l'époque et le lieu les plus fascinants de toute l'histoire littéraire: l'entre-deux guerres à Paris. La rue de Fleurus, où habitaient les deux comparses, vit défiler dans son atelier couvert de tableaux de Picasso, de Matisse, de Juan Gris qui, à leur valeur monnayable d'aujourd'hui feraient de Gertrude Stein une des plus grosses fortunes de France, tout ce que l'Europe comptait d'amateurs d'art et d'écrivains, principalement ces écrivains américains exilés à Paris, dont Hemingway, que Gertrude Stein adorait, fut le plus célèbre. Son frère, Leo Stein, plus conservateur dans ses goûts - il collectionnait les tableaux de Renoir - l'a accusée de mensonge à propos de cette biographie qui ne respecterait pas la réalité des faits, notamment à propos de son propre rôle. Mais que nous importe la réalité? Gertrude Stein fait oeuvre de littérature et non pas d'histoire. Pour cela il existe des biographies, dont une très récente de Gertrude Stein, à l'américaine, où rien ne nous est épargné des faits et gestes  quotidiens de l'écrivaine... mais ennuyeuse à mourir!

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