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Carnets d'automne
7 février 2012

De la langue française

Une langue tenue, une langue retenue, ce n'est pas l'appauvrir: c'est la gouverner pour bien gouverner. Qui la néglige, néglige sa pensée. Approximatif dans le traitement des phrases, approximatif dans le traitement des affaires. Vous confondez aujourd'hui l'ordre des paroles, demain ce sera l'ordre des choses. Car en parlant contre les lois de la grammaire, vous mépriserez celles de la raison".Qui donc parle ainsi? Boileau? Maurice Grevisse? Un de nos 40 académiciens? Point du tout! Ces paroles sont de Bossuet, de l'"Aigle de Meaux", qui s'adresse ainsi au fils de Louis XIV,le Grand Dauphin, un cancre dont il était le précepteur. C'est Jean-Michel Delacomptée qui les cite dans son passionnant petit livre Langue morte. Bossuet. Delacomptée est un éminent spécialiste du Grand Siècle, on lui doit un passionnant ouvrage sur les rites funéraires de l'époque, Madame La Cour La mort. Bossuet! Mais qui donc lit encore l'auteur de cette fameuse phrase : Madame se meurt! Madame est morte! extraite de sa plus belle oraison funèbre, celle qu'il prononça aux funérailles d'Henriette d'Angleterre? Moi je le lis. Oui, je suis sans doute démodé, mais peu m'en chaut! Car elles sont belles ces oraisons funèbres qui semblent encore retentir sous les hautes voûtes de Notre-Dame ou de Saint-Denis. Phrases d'une élégance rare, mais aussi d'une puissance qui faisait trembler son auditoire, pourtant composé des plus hauts personnages du royaume? Certes, la religion de Bossuet n'est plus celle des croyants d'aujourd'hui, mais il reste ces textes sublimes, qu'il faut lire à haute voix pour en faire briller l'élégance et surgir la force, c'est la langue française dans toute sa beauté, J'aime les lire à haute voix en me promenant au bois. Un jour je fus surpris par un promeneur, en plein milieu de l'oraison funèbre du Prince de Condé,le vainqueur de Rocroy; le promeneur me fixa d'un air étonné, continua son chemin tout en se retournant, l'air effrayé et inquiet, tandis que je descendais le vallon en célébrant les victoires du Grand Condé!

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