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Carnets d'automne
6 février 2012

De la poésie

On dit la poésie invendable car peu lue, les éditeurs n'en publient plus guère, ou si peu, ou uniquement pour faire plaisir à un auteur-maison. Or, sur son blog littéraire, Pierre Assouline nous apprend une chose assez extraordinaire: il y a peu on faisait la file devant le Collège de France à Paris pour une conférence sur l'oeuvre de Baudelaire à laquelle participait Yves Bonnefoy, 1500 personnes y assistèrent, tandis qu'un millier d'autres restaient sur le trottoir par manque de place. Quelques jours plus tard, 200 personnes remplissaient la petite salle de la Maison de la Poésie pour une conférence du même genre. Comme quoi on a raison parfois de se méfier de ces préjugés tenaces entretenus par des médias peu soucieux de vérifier les faits. Pour être sincère, j'avouerai être un lecteur de poésie très occasionnel; adolescent j'ai lu Rimbaud - il faut être jeune pour lire Rimbaud, pour en apprécier la saine révolte - plus tard j'ai beaucoup aimé La jeune Parque de Valéry, son classicisme un peu froid mais d'une grande beauté formelle, j'ai aimé la fraîcheur d'un Ronsard, aujourd'hui je ne lis plus guère que Baudelaire ou Mallarmé. Baudelaire parce que j'aime le thème de son oeuvre poétique: ce spleen qui est tellement contemporain, en même temps que la beauté très classique de ses vers, qui allient vers libre et rimes, parfois même l'alexandrin; mais c'est surtout Mallarmé que je lis encore régulièrement. Mallarmé qu'on accuse trop souvent d'ésotérisme, ignorant que dans son oeuvre ce n'est pas le sens qui prime, mais la beauté du verbe. Tout est dans le mot, sa position dans le vers par rapport aux mots qui le précèdent ou qui le suivent, sa sonorité, ce qu'il évoque par celle-ci; le poème de Mallarmé peut être considéré comme la page d'une partition musicale sur laquelle les notes figurent les unes à côté des autres, mais ne prennent leur sens que lorsqu'elles sont jouées à la suite, créant ainsi la mélodie. Il en est de même pour la poésie de Mallarmé, qui devrait idéalement être lue à haute voix, seul moyen d'en apprécier la beauté. Mallarmé c'est à la fois le sommet de la poésie et sa mort. Comme le carré noir sur un fond blanc de Malévitch est à la fois le sommet de la peinture sur chevalet et sa mort!

 

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