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Carnets d'automne
5 février 2012

De Frédéric Chopin à Léonard Cohen

L'éclat de la neige fatigue les yeux, afin de les reposer, j'ai décidé hier d'abandonner provisoirement Henry James et Jean-Jacques Rousseau, pour Chopin à l'heure du goûter, et pour Léonard Cohen à l'apéritif ! Pour accompagner Chopin j'avais prévu un thé de Chine, un délicat Grand Yunnan Impérial, tandis que Cohen se contenterait, façon de parler, d'un Porto de dix ans d'âge! Je considère les 24 Préludes  en ut dièse mineur Op.28 comme le chef-d'oeuvre absolu de Chopin. Ces 24 courtes pièces pour piano reflètent parfaitement, et la profonde mélancolie et la soif d'héroïsme d'un Chopin alors malade, sur le point de rompre avec George Sand dans sa Chartreuse de Majorque rendue humide par les pluies incessantes. Cette oeuvre résume à elle seule toute l'existence de Chopin:  la nostalgie de sa Pologne lointaine, ses amours sans lendemain, sa maladie et la solitude qui en découle. Le Prélude No 4 en mi mineur est sans doute le plus beau et le plus émouvant de tous; dans ce prélude particulièrement sombre résonne un cri de douleur qui vous marque pour toujours; ce cri, un seul pianiste est jusqu'à ce jour parvenu à le rendre, Alfred Cortot, dans son interprétation de 1933/1934, même si depuis il y a eu de très bonnes exécutions de l'oeuvre, et je songe particulièrement à la plus récente, celle d'Alexandre Tharaud. Avec Cohen et son dernier CD, Old Ideas, je me suis replongé dans cette sombre boîte à jazz de New-York, où dès notre dernier hamburger du jour avalé, F., grand amateur de jazz, et moi courions nous réfugier pour y écouter, jusque tôt le matin, des blues superbes, qui me faisaient oublier, en ce lieu enfumé et puant la bière, ce que je déteste le plus au monde: la fumée de cigarette et la bière! Cohen a vieilli, de sa voix rauque il parle plus qu'il ne chante, mais ses accompagnements sont sublimes de poésie, avec ses thèmes préférés, éternellement resassés mais toujours aussi émouvants et aussi mélancoliques: la soif d'amour, la vieillesse, la solitude, la mort, grâce auxquels, par-delà les siècles, il rejoint le grand Frédéric! 

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