La "Pathétique"

Que fait-on par un dimanche gris, froid et humide, quand le poêle parvient péniblement à chauffer les pièces? On s'enroule dans un plaid bien chaud, on se sert un thé brûlant, un Montagne bleue, thé noir parfumé à la rhubarbe, et on écoute de la musique, en l'occurrence la Sonate N°8 en ut mineur Op.13 " Pathétique" de Beethoven. C'est la sonate de Beethoven que je préfère à toutes, je l'ai toujours considérée comme un hymne aux trois âges de la vie: le troisième mouvement, un Rondo: allegro, c'est la jeunesse, pleine d'espoirs et de promesses nées d'un idéal encore intact, l'Adagio cantabile, chante l'âge mur, les premières déceptions et les premières blessures provoquées par la vie qui n'est pas ce que la jeunesse rêvait, enfin, le premier mouvement, Grave - Allegro molto e con brio, c'est à la fois le bonheur de l'harmonie enfin acquise, mais sur un fond de mélancolie marquée par la présence de la mort. Par une étrange coïncidence, et comme si la musique de Beethoven se voulait confirmée par la réalité de la vie, à peine avais-je écouté l'oeuvre que j'apprenais par la presse la mort de Whitney Houston. On me demandera ce que vient faire la chanteuse pop avec Beethoven! S'il existe une hiérarchie de qualité, ce qu'on oublie trop souvent, il ne peut y avoir de hiérarchie entre les genres, ce qui est beau est beau, peu importe le genre auquel il appartient. Ainsi la sonate de Beethoven est superbe, la voix de Whitney était magnifique. La mort de Whitney Houston, grande artiste s'il en est, fauchée au sommet de sa carrière, m'attriste et me révolte. Alcool et drogue! Quel gâchis! Tiens, il se met à neiger!