Paul et Camille Claudel

Dans son plus récent et passionnant ouvrage consacré aux nombreux textes de critiques littéraires qu'il a publiés dans le Corriere della Sera, Alphabets, Claudio Magris consacre un chapitre, "Je ne suis que le frère" aux relations entre des hommes et des femmes célèbres et leurs frères et soeurs. Comme exemple de relation détestable, il cite Paul Claudel: La plus infâme ( relation entre  frères ou soeurs) est celle du très religieux Paul Claudel ( et de sa famille catholique), dont l'intransigeance morale entraîne une incroyable cruauté à l'égard de sa soeur Camille, géniale sculptrice, maîtresse de Rodin, d'une douloureuse fragilité existentielle, brutalement enfermée dans un asile de fous par son dévôt et célèbre frère, pour cacher son comportement inconvenant". ( 1 ). Dans le billet consacré au journal de Claudel je parlais de sa tendresse envers Camille hospitalisée et mourante, et il est vrai que c'est un des rares moments dans ce journal où Claudel semble faire preuve de cette tendresse qui lui a toujours manqué; il est difficile de dire si l'accusation de Magris est basée sur des faits réels, si oui, la tendresse de Claudel s'avère fort tardive et ressemblerait plutôt à un remords. Connaissant l'auteur du Soulier de satin, on peut cependant croire Magris, Claudel était un grand bourgeois, diplomate de surcroît, et donc fort soucieux de sa réputation, il n'est pas impossible que l'existence mouvementée, et à ses yeux scandaleuse, de Camille ait poussé l'écrivain et la famille Claudel à enfermer la malheureuse pour éviter le scandale.C'est un élément à ajouter au "Dossier Claudel"!

"Alphabets" Claudio Magris  L'ARPENTEUR   552pages

(1) Op.cité p.48